Oyez ! Vous, intrépides bipèdes, pourquoi donc rampez-vous… pourquoi vous laissez-vous mener comme de vulgaires toutous en laisse ? Voilà bien le genre de taloche littéraire que La Boétie distribuerait s’il se pointait par ici aujourd’hui…

À la recherche d’un électrochoc intellectuel pour secouer vos réflexions sur votre place dans la société ? Ou peut-être sentez-vous les tremblements du chaos chatouiller votre esprit ? En ces instants d’interrogations existentielles, Sarlat, tel un phare, s’érige en destination salvatrice… (notez bien que pour les épreuves et crises de foi, il est préférable de se tourner vers Lourdes ! ) Ici, à Sarlat, entrez donc dans l’antre d’Étienne de la Boétie, pénétrez dans la célèbre « chambre d’Étienne », où vous découvrirez un kilomètre de texte d’une pertinence éblouissante… Oui, vous avez bien entendu, un kilomètre de prose minutieusement tracée par un artiste sur les murs de ce sanctuaire historique… Mais de quoi s’agit-il donc ? Rien de moins qu’un ouvrage, recopié intégralement… Un ouvrage signé de la plume de La Boétie, dont le titre ne manquera pas de vous faire frissonner : « Discours de la servitude volontaire ».

Dans ce réquisitoire contre la tyrannie, La Boétie sort le grand jeu avec une thèse qui fout les pendules à l’heure : il avance que la servitude des populations n’est pas tant un fardeau imposé par la force, mais plutôt une soumission volontaire… Plus trivialement, il nous balance que la servitude, c’est pas juste une grosse brute qui vient vous mettre les menottes, c’est surtout vous qui signez votre propre contrat d’esclavage, tout sourire ! D’ailleurs, même quand le pouvoir commence par un coup de force, il ne peut subsister et tirer les ficelles d’une société sans le consentement, qu’il soit actif ou passif, d’une bonne partie de ses membres. Nous voilà bien ! Prenez l’exemple de celui qui se la raconte comme le « dictateur le plus cool du monde »… Récemment réélu à la présidence du Salvador avec un score stratosphérique, ce dictateur autoproclamé rabote les libertés individuelles sous les acclamations du plus grand nombre !!!

Jetons un œil sur la carte du monde… Les démocraties et les libertés reculent… souvent avec l’aval complice des populations qui se mettent à quatre pattes devant un pouvoir tyrannique et oppressif… Ainsi, c’est souvent le peuple lui-même qui, par laisser-aller, troque sa propre liberté contre un peu de tranquillité…

La forme des gouvernements est de fort peu d’importance, quoique des gens à demi cultivés pensent autrement. Le but principal de l’art de la politique devrait être la durée, qui l’emporte sur toute autre qualité, étant, de beaucoup plus précieuse que la liberté (Machiavel)… et pêle-mêle d’ajouter : celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes… Voilà le hic… nos dirigeants semblent plus enclins à suivre les conseils de Machiavel que les idées plus éclairées de La Boétie… C’est un peu comme si on préférait écouter les ruses d’un renard plutôt que les conseils d’un sage bienveillant ! Alors, vous les bipèdes, si vous en avez marre de jouer les figurants dans ce théâtre de l’absurde, venez donc à Sarlat et découvrez par vous-même la pertinence des écrits de La Boétie…


Informations pratiques

  • MAISON DE LA BOÉTIE
  • Place du Peyrou – Sarlat-La-Canéda
  • Renseignements à l’office de tourisme de Sarlat

À LIRE SANS MODÉRATION

Discours de la servitude volontaire
Éditeur : Mille et une nuits
Livre broché : 63 pages
Dans toutes les bonnes librairies.

Par Céline d’Astier

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