L’ancienne gare de Carlux porte désormais le nom du célèbre photographe, qui aimait séjourner en Périgord noir. Le bâtiment, qui abrite galeries d’art, office de tourisme et restaurant, a vécu une réhabilitation exemplaire.

Quand on revoit les photos des derniers trains entrant en gare de Carlux, en 1980, il y a de quoi avoir un pincement au cœur. On se dit que le désenclavement rural ne connaît guère d’amélioration. Et puis on lève les yeux vers la nouvelle version de la gare, et on prend conscience de l’ingéniosité d’un territoire pour transformer une défaite en renaissance. La communauté de communes s’est battue pour réhabiliter le bâtiment, qui arbore depuis 2018 les plus beaux atours de la modernité.

Mais cette radicale transformation, si elle doit beaucoup à l’opiniâtreté des acteurs locaux, n’aurait sans doute pas pu être menée à son terme sans le parrainage posthume d’une immense figure de la photographie, Robert Doisneau. L’artiste a laissé à la postérité un célèbre cliché de 1939, où on le voit sur le quai de la gare, avec son épouse Pierrette et trois amis.

Grâce à ses premiers congés payés, en 1937, Doisneau vient jouer les estivants dans la région, plus précisément dans le Lot. De là, il lui arrive de fréquenter le proche Périgord, et il prend plaisir à immortaliser, comme à son habitude empreinte d’humanisme, les gens qui y vivent et y travaillent. Son premier reportage indépendant, il le réalise en 1939 sur la descente de la Dordogne en canoë.

Un projet rural inventif

Quand le projet émerge de réhabiliter la gare de Carlux, le fameux cliché de vacances surgit des souvenirs. Tout naturellement s’impose l’idée d’un centre dédié à la photographie, et en particulier, en collection permanente, à l’œuvre de Doisneau. Dès 2015, l’accord de ses filles, Annette Doisneau et Francine Deroudille, est immédiat et enthousiaste. Désormais, une salle de la nouvelle gare en rez-de-chaussée va abriter une quarantaine de clichés sélectionnés parmi les 450 000 négatifs que leur a légués leur père. La nostalgie saisit le visiteur qui reconnaît des paysages familiers, magnifiés 80 ans plus tôt par un noir et blanc qui les rend intemporels. Est aussi présenté un extrait émouvant de la vidéo « Le révolté du merveilleux », réalisée par Clémentine Deroudille, petite-fille du photographe.

Une deuxième salle est transformée en seconde galerie consacrée à des « Tranches de vie », où le talent du photographe insuffle une vie intense aux portraits de nos aïeux. On découvre aussi que Robert Doisneau a réalisé des cartes postales pour le syndicat d’initiative de Souillac et une série de photos pour les foies gras Rougié, à Sarlat.

La visite n’oublie pas d’être ludique et, paradoxalement grâce à une table numérique, on peut s’exercer au développement de la photographie argentique, qui nous paraît aujourd’hui préhistorique. Le lieu n’est pas qu’un réceptacle de mémoire, il a su de surcroît lancer des passerelles vers la création actuelle, gage de constante vitalité. Une galerie dédiée aux expositions temporaires offre à de jeunes photographes des cimaises pour côtoyer l’œuvre du maître Doisneau.

La communauté de communes ne s’est en outre pas arrêtée en si bon chemin dans la convergence des genres et des visiteurs, puisque la bâtisse abrite désormais son office de tourisme. L’ancienne gare se pose ainsi en point d’équilibre de la vallée de la Dordogne, avec la proximité de sites prestigieux comme les jardins du manoir d’Eyrignac ou le château de Fénelon. Et pour compléter ce projet englobant, une voie verte a été construite à l’emplacement des rails. Les déplacements sont plus physiques, mais les promeneurs peuvent faire une halte revigorante au Café de la Gare. La nouvelle vie de la gare de Carlux est décidément attractive à plus d’un titre.

Son premier reportage indépendant, il le réalise en 1937 sur la descente de la Dordogne en canoë.


Infos pratiques

  • La visite du site est gratuite.
  • Du 14 juillet au 15 août, mystère et suspense sont au programme, avec les « soirées enquêtes » (sur réservation).
  • La gare Robert Doisneau : ZA Rouffillac – 24370 Carlux – Tél. : 05 53 59 10 70 – Mail : hello@lagare-robertdoisneau.com
  • Horaires d’été : tous les jours de 10h à 18h sans interruption http://www.lagare-robertdoisneau.com

Publireportage par Hervé Brunaux – Photos : © Com’Images

En savoir plus sur Dordogne Ici et Là

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading