12ème festival du film DocumenTerre – Montignac-Lascaux
Du 19 au 21 novembre se tiendra à Montignac le festival du film DocumenTerre. À travers projections et débats, la programmation de cette 12ème édition se penchera sur les peuples autochtones, véritables “jardiniers du Monde”.
Organisé par une poignée de bénévoles de l’association CinéToile, le Festival du Film DocumenTerre a rapidement trouvé ses marques sur un territoire emblématique des origines de l’Homme et où le vivant fait l’objet d’une grande attention. « Notre ambition, dès le début, était de créer un événement sur les questions environnementales en montrant des films d’auteur, avec un vrai point de vue, une réelle sensibilité, en présence des réalisateurs », explique Marie-Hélène Saller, la présidente de l’association organisatrice.
Plutôt confidentielle au départ, la manifestation a commencé à toucher un plus large public en invitant, dès sa 3e édition, non plus seulement des personnalités du 7e art, mais aussi des scientifiques de tous horizons comme le biologiste Francis Hallé, le préhistorien Jean Clottes ou encore l’astrophysicien Hubert Reeves. « Nous nous sommes rendu compte que c’étaient eux les véritables lanceurs d’alertes et qu’ils avaient un message à transmettre », précise celle qui est également scénariste-réalisatrice.
Dès lors, Sarladais, Bordelais et même Parisiens ont commencé à venir en nombre devant les portes du cinéma Le Vox pour explorer des thématiques associées au vent, à l’eau, au feu, au monde souterrain, à la forêt ou au désert.
“Notre survie dépend de la leur…”
Rien d’élitiste cependant. L’idée fondatrice étant, non pas d’assener des données scientifiques de manière didactique et technique, mais d’instaurer un dialogue pédagogique avec des personnalités qui savent manier l’art délicat de la vulgarisation. Le thème retenu cette année ? « Les Peuples autochtones ». Un zoom bienvenu sur ces « peuples de la terre » qui ne représentent que 5 % de la population mondiale mais qui participent à la conservation de 80 % de la biodiversité planétaire. « Ce sont eux « les jardiniers du monde », souligne Marie-Hélène Saller. Notre survie dépend de la leur. Pourtant, alors que nous avons tout à apprendre de leur connaissance de la nature et de leurs savoir-faire, les territoires où ils vivent sont attaqués de toutes parts. Il nous apparaît ainsi plus que jamais nécessaire de donner la parole à ces peuples autochtones et, grâce au cinéma, de défendre ces cultures qui possèdent un rapport privilégié à la nature, aux animaux, au spirituel… »
Parmi la pléiade d’intervenants prestigieux qui seront là pour en parler, l’anthropologue Nastassja Martin, spécialiste des populations du Grand Nord, fera partager son intérêt pour l’animisme en témoignant de l’importance capitale de maintenir le dialogue avec le non-humain selon un nouveau rapport au vivant.
Moins connue du grand public, Irène Bellier, directrice de recherche au CNRS et spécialiste des enjeux de la mondialisation, évoquera la nécessité de mettre en place un arsenal législatif en faveur des populations autochtones, tandis que l’ethnobiologiste Serge Bahuchet, la juriste Valérie Cabanes et le géographe Chris Reij compléteront le plateau.
Quant à la marraine de cette 12e édition, il s’agira de Hindou Oumarou Ibrahim, géographe et militante tchadienne de 35 ans, fille de pasteurs nomades peuls, qui lutte depuis vingt ans pour l’écologie et les droits des femmes. Côté cinéma, le public pourra notamment découvrir, à travers une sélection de films réalisés par des autochtones, des récits forts, souvent poignants et empreints d’une poésie propre à ces peuples invisibles.
Devant une telle programmation, un seul doute s’insinue : n’y aurait-il pas là un risque d’idéalisation de ces peuples ?
« Je ne pense pas, répond la présidente du festival. Leur vie est souvent dure et leur rapport à la nature comporte une part de brutalité qui peut nous malmener, voire nous choquer, à l’image de certaines scènes de chasse. Par ailleurs, la drogue et le suicide sont hélas assez répandus chez ceux qui ont été enlevés, enfants, avant d’être placés dans des pensionnats où ils ont connu la violence. Bref, nous sommes loin d’un paradis idyllique où tout serait harmonie et sérénité. » Concernant la crise sanitaire et ses conséquences sur le monde de la culture, les organisateurs ont pris leurs précautions : « Nous avons des solutions. Si l’on doit projeter avec des jauges réduites de moitié, nous nous adapterons en doublant les séances. La Covid-19 a d’ailleurs partie liée avec notre thématique. Car derrière cette pandémie, il y a une surexploitation un peu folle des ressources et un rapport faussé au vivant. Parler de ces sociétés traditionnelles nous apparaît plus que jamais d’actualité. »
Infos pratiques
- Programmation disponible sur le blog du festival à partir de fin septembre : www.festival-documenterre.com
- Réservations en ligne sur le blog ou ou Gilles Lorin / 05 24 16 14 72.
- Tarifs : de 6 à 10€ ; tarif dégressif à partir de 3 places.
Publireportage par Frédéric Lacoste
© Hamir Sardar